Il y a deux ans, je vous avais déjà évoqué l’histoire d’Aïcha, une amie proche de ma mère, lorsqu’elle nous a quittés. Aujourd’hui, en ce vendredi béni, je souhaite revenir sur sa vie et partager avec vous quelques détails marquants de son parcours, qui illustrent les épreuves qu’elle a traversées et le courage extraordinaire dont elle a fait preuve.

Aïcha était une femme admirable, respectueuse et profondément généreuse. Nous vivions tous au Luth, dans l’immeuble Gérard Philippe, où elle venait régulièrement chez nous pour partager un thé avec ma mère, échanger des anecdotes et préserver une amitié sincère. Ma mère l’admirait énormément pour sa bonté, sa force et son sens du respect.

Quand l’immeuble Gérard Philippe a été démoli et que nous avons tous dû déménager, la distance a rendu les visites plus rares. Malgré tout, Aïcha et ma mère sont restées en contact, se donnant des nouvelles de temps à autre par téléphone. Ces échanges étaient précieux et permettaient de maintenir ce lien d’amitié malgré l’éloignement.

Mariée et mère de deux enfants, Majida et Mourad, Aïcha a connu des épreuves inimaginables. En 2012, son mari a dû subir une opération délicate. Pour protéger leur fils Mourad, polyhandicapé et très attaché à son père, ils ont décidé de lui cacher la gravité de la situation, prétendant qu’il partait en Tunisie pour un déplacement professionnel. Mais l’opération ne s’est pas déroulée comme prévu, et son mari n’a jamais repris connaissance. Malgré sa douleur, Aïcha a dû annoncer la nouvelle à son fils. Dévasté, Mourad n’a pas supporté la perte de son père et s’est éteint à son tour 40 jours plus tard.

En l’espace de quelques semaines, Aïcha a perdu son mari et son fils, vivant un double deuil indescriptible. Elle s’est alors tournée vers sa fille Majida, qui, malgré la distance, essayait de soutenir sa mère. Mais en 2016, Majida a appris qu’elle était atteinte d’un cancer. Aïcha, une fois de plus, a rassemblé toute sa force pour accompagner sa fille dans ce combat, mais Majida a fini par succomber à la maladie. En quatre ans seulement, Aïcha a vu toute sa famille disparaître, affrontant l’inimaginable.

Marquée par ces drames successifs, Aïcha s’est peu à peu repliée sur elle-même. Dora, une amie fidèle, était l’une des rares personnes qui restait à ses côtés, lui rendant visite chaque jour. Ma mère, de son côté, s’inquiétait de ne plus avoir de ses nouvelles, malgré ses nombreux appels. Aïcha semblait vouloir préserver son chagrin loin des regards, refusant la pitié de ses proches.

Le 1er janvier 2023, elle a fêté ses 81 ans, peut-être avec l’espoir d’une année plus clémente. Mais quelques jours plus tard, une chute l’a conduite à l’hôpital, où elle a passé ses derniers jours. Dora était là, à son chevet, mais le jeudi 3 février 2023, Aïcha a quitté ce monde. Sa disparition a profondément marqué ma mère, qui aurait tant aimé la revoir une dernière fois.

Nous avons enterré Aïcha le lundi 6 février 2023 à Villeneuve-la-Garenne. Cette femme courageuse, qui a traversé tant d’épreuves avec dignité et foi, mérite que son histoire soit partagée.

Aujourd’hui, je partage avec vous ce texte, en ce vendredi sacré, je vous demande de garder une pensée pour elle dans vos prières. Qu’Allah lui accorde Sa miséricorde et l’accueille dans Son vaste paradis. Allah y rahma.