
Début novembre, j’étais à Takelsa, la région où ma mère est née.
Une ville d’agriculteurs, connue dans toute la Tunisie pour ses fruits, ses légumes, et ses montagnes qui semblent protéger ceux qui y vivent.
C’était la saison des olives.
Les champs vibraient.
La terre respirait.
Et les hommes, les femmes, les enfants… travaillaient sans relâche.
Ce jour-là, j’ai rencontré deux jeunes du village :
Jilani, 14 ans.
Mohamed, 20 ans.
Deux garçons nés dans la terre.
Deux garçons qui travaillent comme des adultes.
Ils se lèvent à 5h30.
Ils rentrent à 15h30.
Plus de huit heures à porter, ramasser, grimper, charger.
Le soir, je les vois rentrer épuisés.
À 20h, ils dorment déjà.
Et ça, 6 jours sur 7.
Alors je leur demande :
« Vous êtes payés combien pour tout ça ? »
Et là, la phrase qui m’a brisé le cœur :
« 30 dinars la journée. »
30 dinars. (8,70 €.)
Pour une journée entière de travail.
Dans un pays où le kilo de viande dépasse 60 dinars.
Où tout augmente… sauf les salaires.
Comment on vit avec ça ?
Comment on espère ?
Comment un jeune de 14 ans peut porter autant sur ses épaules ?
Et pourtant…
Malgré la fatigue.
Malgré la dureté.
Malgré le peu qu’on leur donne…
Jilani et Mohamed gardent la tête haute.
Ils parlent de leurs champs avec fierté.
Ils sourient.
Ils continuent.
Ce texte est pour eux.
Pour Jilani.
Pour Mohamed.
Pour tous les jeunes de Takelsa qui se lèvent avant le soleil pour faire vivre la Tunisie.
Ils méritent mieux.
Beaucoup mieux.
Et ils méritent qu’on parle d’eux.

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