Lorsque j’étais un enfant, j’ai rencontré un Monsieur qui s’occupait d’entretenir le jardin de la maison familiale en Tunisie. Tonton Ali était un homme calme qui respirait la quiétude, son sourire aux couleurs du soleil traçait sur son visage la joie de vous accueillir. Toute sa physionomie annonçait la délicatesse de son âme. À chaque vacance d’été, j’avais la chance de pouvoir l’accompagner dans le jardin et de contempler ses gestes de douceur et sa complicité avec la nature.
Le jardin était son royaume et en bon souverain, il traitait chaque parcelle de terrain, chaque plante avec la bienveillance dont je réalise aujourd’hui que la nature lui rendait. Il savait dire en toute simplicité toute notre dépendance à l’égard de la nature. Je peux dire qu’il représentait ce que j’appelle une écologie innée. Rien ne se perdait, tout était recyclé, réutilisé. La vie est un cycle continu qui ne connaît pas de rupture, la vie naît de la mort et la mort relance la vie.
Les objets avaient plusieurs vies, une bouteille en verre devenait un abreuvoir pour les oiseaux, le cylindre de carton du papier essuie-tout devient un étui pour protéger les lames des outils de jardinage… Avec peu, il fabriquait mille choses. Et je ne parle pas de toutes les matières organiques qu’il savait utiliser pour nourrir la terre et protéger les récoltes.
Il nous a quittés, il y a quatre mois et je voulais lui rendre hommage et lui adresser un remerciement posthume. Ces gens que nous rencontrons et qui ont marqué notre vie, même si nous les voyons peu, finissent pas nous manquer. Leur souvenir est impérissable et il fertilise notre vie.