Régulièrement, je cours pendant une heure pour garder la forme et goûter le plaisir de parcourir les espaces verts et les berges de la Seine. Je cours et je regarde la ville dans une foulée bien urbaine.
Le temps de cet effort, je réfléchis à mille choses, je laisse les pensées m’envahir et je deviens le spectateur de cette sensation très agréable, la quiétude qui peu à peu m’installe dans un état de bien-être. Une douce euphorie qui accompagne les pulsations du cœur se mêle, alors, au rythme des battements de pieds contre le sol et elle diffuse au tempo de la respiration, la musique du coureur de fond.
Pourquoi ces confidences ?
Il y a quatre jours, dans ma course j’ai perdu la clef de ma porte d’entrée. J’ai refait mon parcours, mais en vain. Heureusement, je laisse un double chez ma belle maman, donc j’ai pu rentrer chez moi, un peu embarrassé. Les jours suivants, j’ai couru sur le même chemin et toujours sans résultat au sujet de ma clef perdue. J’ai fini par me résigner et j’ai voulu en refaire une nouvelle.
Hier, j’ai repris mon effort, sur le même itinéraire et miracle ! J’ai retrouvé ma clef. Elle m’attendait à peine dissimulée au milieu d’une herbe jaunie par la chaleur de l’été. Elle m’a appelé en brillant sous un rayon de lumière. Je me suis arrêté et après m’être penché, je la découvrais affalée sur le sol se gargarisant de soleil. Un objet vit de notre imagination l’histoire que nous voulons bien lui assigner. Ces retrouvailles m’ont épargné la tâche d’une visite chez le serrurier.
Revenir sur ces pas n’est pas la tendance du monde agité, toujours pressé. Bien entendu, l’habitude nous joue des tours, elle nous menace des tourments de la routine. Elle ronronne inlassablement les rouages du quotidien. Mais lorsque l’habitude se fond dans la fidélité, elle permet de se retrouver, elle est ce rendez-vous délicieux qui chaque jour nous découvre ceux que nous aimons.
Ce petit bout de métal a fugué quelques jours, pour me rappeler à quel point il est bon de rester droit dans ses bottes. Une clef retrouvée nous dit que la séparation n’est pas l’abandon. L’expérience ne retrace, hélas, que le chemin parcouru, mais elle distingue des rangs de l’ingratitude celui qui reste fidèle à ses engagements.